Les Emblemes nouveaux d’Andreas Friedrich

(1617)

Table des matières

Introduction

Emblèmes annotés et commentés

A la fin viendra tout ce qui est transitoire

Aggreable est à Dieu vraye simplicité

Ainsi la Charité vraye se represente

Au chariot d’Orgueil veut tirer tout le monde

Capitaine Levraut courageux en la fuite

Capitaine Renauld se sert de stratagemes

Ce sont des vices grands qui ont la vogue au Monde

Ceci est bien certain que tout trop ne vaut rien

Ceci est le miroir des Chrestiennes Vertus

Ceux qui menent les droits sont souvent bien estranges

Chasque ouaille cerche sa pareille

Chose plaisante à Dieu c’est de tousjours bien faire

Constante Patience en fin surmonte tout

Contemplés en ceci du monde la charrette

D’avares Gouverneurs telle est la tyrannie

De tous hommes mondains grande est la nonchalance

Dedans un verre estroit grand bruit le tavan meine

Dieu a creé le monde, et il a tant de testes

Du calomniateur grande est la tromperie

En attendant le temps les roses floriront

En Christ tant seulement se trouve le soulas

En haut se va guindant Justice venerable

En poids egal se tient des pechés la balance

Escoute en tout affaire aussi l’autre partie

Faire sedicion ce n’est pas grand science

Heureux celui qui fait le devoir de sa charge

Ici se void en train la famille du Diable

Il faut diligemment prendre garde à ses faits

Il faut que par la croix le coeur soit esprouvé

Il se trouve aujourd’huy de trois sortes de chasse

Il y a tromperie en toute marchandise

Jamais bien n’apporta trop grande beuverie

Je represente ainsi le devoir des Juristes

L’aiguillon de la Mort est desormais rompu

L’alme vertu se void maintenant prisonniere

L’Amour et loyauté sont tousjours par ensemble

L’Arc trop tendu se rompt, ou pour le moins la corde

L’Argent ard la gent

L’avarice, et vertu reçoivent leur salaire

L’effusion de sang c’est le fruict de la noise

L’Esperance Chrestienne oncques ne confondra

L’homme a d’avoir des biens desir insatiable

L’honorable Vertu est des vices souillée

L’infernal gehenneur demonstre la figure

L’un le chevron et l’autre a le festu en l’oeil

La file des pechés est ja toute accomplie

La fin du monde est pres, bien qu’on ne s’en soucie

La folie ne peut tousjours estre cachee

La guerre ne vient pas sans porter grand dommage

La loy de Dieu comprinse en deux commandemens

La lumiere opposée aux tenebres obscures

La misere de l’homme est grande en ceste vie

La Mort tient entre tous une egale mesure

La parole de Dieu à tout jamais demeure

La providence en tout est tousjours necessaire

La resurrection des morts chascun doibt croire

La vie des humains doit estre ainsi reglee

La vie humaine pend à un filet bien tendre

Le Conseil est content ainsi que le Roy veut

Le desir de vengeance est tousjours dommageable

Le Droit va droit

Le fondement de foy c’est le Seigneur Jesus

Le jugement ensuit la resurrection

Le monde est gouverné d’une estrange façon

Le pauvre est consumé par la force du riche

Le piquant Herisson ressemble au droict severe

Les Epicuriens sont plustost pourceaux qu’hommes

Les flatteurs aujourd’huy sont les plus estimés

Les hommes mondains sont addonnés à vantance

Les moqueurs desormais ne sont rien de nouveau

Ne faut legerement rompre l’amitié saincte

Ne vois tu pas comment l’Orgueil tousjours tout gaste ?

On ne sçauroit saouler la convoitise humaine

Par trop chasser on peut bien devenir sauvage

Pechés font que du ciel en fin descend la verge

Pour maintenir le monde, il y a trois Estats

Pren bien garde à tes pas de peur que tu ne tombes

Pren garde au temps present aussi bien qu’à toy mesme

Pren les armes au poing et defen la patrie

Quand tu voids l’ennemi, pren garde à tes trenchées

Si la guerre est sur mer le danger en est double

Sois tousjours disposé de partir en ce monde

Souventesfois on void la justice enchainee

Tel est l’arbre de vice avec ses fruits tant beaux

Tel est le naturel de tout homme mondain

Telle est de vraye foy la constante nature

Tels de Machiavel sont les coeurs des disciples

Transitoire et fragile est la vie de l’homme

Index

SOMMAIRE

Les Emblemes nouveaux d’Andreas Friedrich

(1617)

Étonnant livre d’images que ce recueil d’emblèmes paru à Francfort en 1617, issu de l’imagination d’un obscur humaniste luthérien appartenant sans doute au milieu juridique, comme un peu moins d’un siècle auparavant André Alciat, l’inventeur du genre.
Étonnant par sa double destination : d’abord publié en langue allemande en direction d’un lectorat luthérien, le recueil est doté la même année d’un appareil textuel traduit en français et probablement destiné d’abord à la communauté à laquelle appartient l’éditeur et bailleur de fonds, celle des émigrés calvinistes de l’Eglise française de Francfort. C’est dire que si les textes fondamentaux du luthéranisme populaire, comme le Grand Catéchisme, fondent en grande partie le discours satirique associé aux images, le ton n’est pas celui de la diatribe, et la morale qui s’y exprime est exempte de dogmatisme et de prises de position qui pourraient heurter les autres confessions du protestantisme.
Étonnant aussi par l’inventivité et la richesse des gravures, et par la façon dont progressivement le lecteur est conduit à s’approprier un code et une syntaxe de l’image avant de se voir proposer de subtils montages symboliques, véritables hiéroglyphes modernes : des emblèmes, proprement, nouveaux…
L’édition commentée de la version française des emblèmes d’Andreas Friedrich offre au lecteur moderne, emblème après emblème, les clefs de lecture de ces images, ainsi que de l’arrière-plan luthérien du discours moral qu’elles suscitent.

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À propos de l'auteur

Pierre Martin


Pierre Martin est professeur de littérature française de la Renaissance à l’université de Poitiers, il a notamment publié les sonnets de Christofle du Pré (Les Larmes funèbres, 1577) chez Droz en 2004 et Les Emblèmes nouveaux d'Andreas Friedrich, 1617 (PUFR, 2013). Il s’intéresse aussi aux cabinets de curiosités, avec notamment la réalisation, avec M. Marrache-Gouraud, d’une édition du Jardin, et Cabinet poétique de Paul Contant (Rennes, PUR, coll. « Textes rares », 2004), et, avec D. Moncond’huy et l’Espace Mendès France, la création du site web « Curiositas.org », où il a mis en ligne de nombreux documents ayant trait au phénomène des collections anciennes.



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