Les médecins étrangers ou diplômés à l’étranger sont aujourd’hui au cœur d’intenses débats. Ils portent les espoirs d’un remède aux déserts médicaux tout en étant régulièrement soupçonnés d’une compétence moindre. Ces débats n’ont rien de nouveau, de même que la circulation des soignants, attestée dès l’Antiquité, pour se former ou exercer. Cependant le XIXe siècle marque un tournant : les circulations estudiantines médicales s’amplifient à l’échelle des continents et des océans. Comment, dans un monde où les frontières sont de plus en plus marquées mais où les circulations intra et intercontinentales n’ont jamais été aussi importantes, ces mobilités évoluent elles ?

Ces hommes, et plus rarement ces femmes, parcourent les terres étrangères, se confrontant aux savoirs et aux pratiques médicales sur de nouveaux terrains, à la suite des armées, des impérialismes ou lors de missions scientifiques. En France, les réglementations sur les critères d’admission à l’exercice médical se mettent en place, tandis qu’à l’échelle internationale se définissent les corps médicaux nationaux. Les médecins étrangers ou diplômés à l’étranger y jouent un rôle majeur, renforçant les élites médicales ou questionnant, par leur présence, les critères du « bon médecin ».

D’hier à aujourd’hui, ce livre interroge nos conceptions des territoires savants et des pratiques professionnelles, en mettant en lumière une médecine cosmopolite, façonnée, exercée et promue par des soignants et des soignantes aux parcours et aux savoirs nomades.