Quatrième ville d’Espagne, métropole aux premières loges d’une modernité progressiste et globalisante, Séville reste paradoxalement célèbre pour l’apparente immuabilité de sa tradition toujours vivante. Le système religieux populaire local, avec ses importantes fêtes de rue toute l’année, génère de profonds affects collectifs au sein du corps social segmenté de la cité. Dévotions familiales, polarisations conflictuelles, investissement symbolique et imaginaire des espaces et du temps… comment, à travers la fête, ces émotions et sentiments participent-ils de l’identité de la ville ?
Ce livre explore cette question dans une perspective holiste et sensible, à la recherche du mystère local d’un vivre-ensemble contrasté. Observant les effets synesthésiques que produisent les grands rituels populaires au cœur de l’espace géographique, politique et social de la cité, il interroge la nature du corps de la ville, dans sa substance et ses frontières, ses institutions et ses hommes, son renouvellement et sa durée. Le cas sévillan illustre ainsi de manière originale et comparative la question complexe du faire-société au sein de grands centres contemporains hybrides, pris entre universalisme et mémoire, entre le monde et l’affirmation locale.